
Sobriété et décroissance. Sont-ce des gros mots ? A l’évidence, non, et pourtant ce sont des concepts qui ont encore beaucoup de mal à être acceptés dans le débat public et dans les stratégies des états comme dans celles des entreprises.
Ce n’est en réalité pas très étonnant. Nous vivons depuis plus de 2 siècles dans une économie majoritairement capitaliste, et depuis disons une cinquantaine d’années dans des sociétés dont le fonctionnement économique et social reposent sur le productivisme et le consumérisme, emboîtés l’un dans l’autre tels le ying et le yang. Et le maître mot de cette économie, c’est la croissance continue et illimitée du produit intérieur brut (PIB).
Et pourtant, on l’oublie trop souvent : le PIB ne mesure pas la richesse d’une nation, mais seulement l’intensité des échanges économiques qui ont donné lieu à une transaction monétaire. Donc ça ne mesure que l’intensité de l’activité économique d’un pays, en aucun cas son niveau de richesse. Et donc, faire décroître le PIB, ce n’est pas diminuer la richesse d’une nation, mais seulement ralentir le rythme de ses échanges économiques et monétaires. Malheureusement, nos sociétés sont tellement addictes à la croissance et à l’accélération, que l’idée même de ralentir est taboue.
Et pourtant, il suffit d’y réfléchir un tout petit peu pour se rendre compte rapidement que cela ferait du bien à tout le monde…ou presque :
- Produire moins et produire moins vite, ça devrait permettre :
- De travailler moins et avec moins de pression
- De consommer moins de ressources naturelles (eau, énergie, matière)
- De produire moins de déchets et de pollution
- Consommer moins, ça devrait permettre :
- D’améliorer le pouvoir d’achat de chacun,
- De consommer mieux, c’est à dire d’acheter des produits de meilleure qualité, produit dans des conditions sociales meilleures, meilleurs pour notre santé et pour l’environnement. Par exemple, en matière d’alimentation, de consommer plus de produits bio et locaux.
- De faire autre chose avec le temps et l’argent rendus disponibles : lire, se promener, se cultiver, profiter de ses proches, voyager (de manière plus responsable), etc.

Alors où est-ce que ça coince ?
Est-ce un problème de satisfaction des besoins ?
Non. Les économies des pays dits « développés » pourraient ralentir significativement sans que cela ne nuisent à la satisfaction des 12 besoins sociaux essentiels. Certains problèmes sociaux, comme l’accès à un logement, à la santé ou à l’éducation, résultent plutôt d’une surchauffe de l’économie au contraire.
Est-ce un problème de rémunération des acteurs économiques ?
Du côté de la rémunération du travail (les salaires donc), il faudrait que ce ralentissement se fasse sans baisse de salaire pour les plus modestes. En revanche il serait logique de diminuer les écarts de salaire en réduisant les plus fortes rémunérations.
Du côté de la rémunération du capital, puisque ce dernier serait moins productif, il serait forcément moins rémunéré : une entreprise privée qui produit moins, fait moins de bénéfices et donc rémunère moins ses actionnaires.
Bingo ! Voilà où ça coince :
- Les cadres dirigeants des grandes entreprises n’ont pas envie de subir une baisse de leur rémunérations, qui sont les plus élevées,
- Les actionnaires de ces entreprises ne veulent surtout pas que leur capital soit moins rémunéré.
- Ajoutons à cela qu’une économie ralentie générerait moins de rentrée fiscale pour la nation et que les gouvernants ont tendance à mieux écouter les classes dirigeantes.
En conclusion, ce sont donc 3 acteurs clés de nos sociétés capitalistes qui sont farouchement opposés au ralentissement : les dirigeants, les actionnaires et les gouvernants. Pas étonnant dès lors que ceux-ci continuent à défendre (et à imposer) l’impossible, à savoir une croissance infinie dans un monde fini…au détriment de la planète et des plus modestes.
Heureusement les voix sont de plus en plus nombreuses à défendre une autre voie, celle d’une transition vers une économie plus lente et plus juste.
La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas nécessaire que toutes les décisions viennent de nos dirigeants économiques et/ou politiques. Il est possible d’agir dès maintenant à l’échelle individuelle, en réduisant sa consommation, et ce faisant de montrer l’exemple. C’est le sens des conseils et des informations que nous partageons avec vous sur ce blog.






