
Réconcilier la fin du monde et la fin du mois ?
Vous avez peut-être déjà entendu cette expression qui résume bien la difficulté de conjuguer transition écologique avec justice sociale : il faudrait « cesser d’opposer fin du monde et fin du mois ».
Il est vrai que pour beaucoup de gens, et notamment pour la majorité des personnes qui ont du mal à « joindre les 2 bouts » comme on dit, les questions de transition écologique sont encore perçues – parfois à juste titre – comme un luxe réservé à ceux qui n’ont pas de problèmes de compte en banque et qui peuvent se permettre de manger bio et de rouler en voiture électrique, autrement dit de « passer au vert sans passer dans le rouge » (ça, c’est de moi, j’en suis assez fier !).
Cette opposition entre « 2 mondes » a atteint son paroxysme en France avec la crise des « gilets jaunes », née en 2018 suite au projet de hausse de la taxe sur les carburants. Cette crise a aussi mis en lumière la fracture entre une population urbaine qui bénéficie notamment de transports en commun (et plus largement des services publics en général), et une population péri-urbaine ou rurale qui semble condamnée à se déplacer en voiture individuelle et à faire de plus en plus de kilomètres pour accéder à des services publics qui s’éloignent.
Le paradoxe de cette opposition entre « riches et pauvres » (pour faire court), c’est qu’en réalité ce sont toujours les plus pauvres qui sont les premières victimes du retard pris dans la transition écologique : mal-bouffe, précarité énergétique, pollution, bruit, etc. Mais comme cela ne leur donne pas pour autant les moyens de financer l’effort de transition, ils restent nécessairement opposés à toute taxation ou interdiction qui viendraient encore affaiblir leur « pouvoir d’achat » déjà insuffisant.
Ou comment conjuguer transition écologique et justice sociale…
Une première conclusion est donc qu’on n’arrivera pas à mettre en mouvement une transition écologique à la hauteur des enjeux si cette transition ne s’accompagne pas de mesures fortes pour réduire les inégalités sociales. Des inégalités qui ne sont pas le fruit des politiques écologiques récentes mais de 50 ans de politiques économiques et sociales d’inspiration libérale.
Concrètement, cela veut dire que les efforts de transition doivent être supportés majoritairement par celles et ceux qui ont bénéficié de ces 50 années de libéralisme et qui ont les ressources nécessaires. Comme ils sont aussi ceux qui ont pollué le plus au cours de ces 50 dernières années, ce ne serait au fond qu’un simple applicaton de la règle du « pollueur – payeur ».
Ce n’est hélas pas exactement la chemin qui se dessine actuellement, car les résistances sont fortes : chantage à l’emploi ou à la délocalisation, optimisation fiscale, lobbying, désinformation, etc.
Y compris entre les pays à l’échelle internationale
La problématique est la même à l’échelle internationale : le dépassement des limites planétaires est le fait des pays riches dans lesquels les besoins sociaux sont (globalement) satisfaits, tandis que ceux qui en payent le plus les conséquences sont des pays plus pauvres qui ne sont pas responsables des dégâts actuels et qui ont encore besoin de se développer pour satisfaire les besoins de leur population.
C’est de cette problématique qu’est né le concept d’économie du donut que nous abordons dans un autre article.
Au fait, de quels besoins sociaux parle-t-on exactement ?
Dans la théorie du Donut que nous abordons dans un autre article qui lui est dédié, les besoins sociaux qui définissent le « plancher social » minimum sont généralement au nombre de 12 :
- 5 besoins vitaux : accès à l’eau, à la nourriture, au logement, à l’énergie et à la santé,
- 3 besoins économiques : éducation, travail/revenu, capital social
- 4 besoins sociétaux : égalité des genres, équité sociale, paix et justice, représentation démocratique
Nous revenons sur certains de ces concepts dans l’article consacré au donut.
La bonne nouvelle : vous avez des super pouvoirs !
La bonne nouvelle, c’est que chacun d’entre nous détient un double pouvoir : en tant que citoyen et en tant que consommateur.
Nous ne vous dirons pas ici ce que vous devriez ou pourriez faire en tant que citoyen, ce n’est pas l’objet de ce site, même si nous avons évidemment nos idées personnelles sur ce sujet !
En revanche nous avons plein de choses à vous dire sur votre pouvoir de consommateur. Car GreenWatchers est né précisément de l’idée que le consommateur a un réel pouvoir d’influence sur les décisions et les orientations des entreprises. Nous aimons citer Coluche à ce sujet : « Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent pas pour que cela ne se vende pas ».






